Textes de F. Kieffer, extraits de L’autorité dans la famille et à l’école
Faire confiance
Il faudra habituellement croire aux bonnes intentions et aux bonnes dispositions des enfants. Le bien doit être supposé, le mal doit être prouvé. Si ces bonnes dispositions existent, elles se trouveront renforcées par la confiance qu’on a en elles et l’enfant se sentira comme obligé de se montrer digne de cette confiance. La confiance opère à la manière d’une suggestion, sauf qu’au lieu d’avoir le déterminisme fatal de la suggestion hypnotique, on a l’acceptation consciente et voulue de la suggestion; on me croit bon, donc il doit y avoir du bon en moi, donc je puis être tout à fait bon … Par contre, croire au mal, c’est provoquer l’enfant à mal faire ; « Je me sentais disposé, dit Chateaubriand, à faire tout le mal qu’on semblait attendre de moi »(Mémoires d’outre-tombe). Si les bonnes dispositions sont faibles ou tout à fait inexistantes, l’enfant redoute par avance, et la pensée de cette déception l’amènera à faire son-possible pour se rendre digne de la confiance qu’on lui montre.
Croire aux ressources de l’enfant
Soyons raisonnablement mais délibérément optimistes, croyons à la vie de l’enfant comme le cultivateur croit à la vie du germe, croyons aux ressources vitales de l’enfant, croyons à une harmonie préétablie par Dieu entre les élans de vie, les aspirations, les aptitudes de l’enfant et les diverses fonctions qu’il devra accomplir dans l’ordre physique, dans l’ordre intellectuel et dans l’ordre moral, guidons, rectifions, soutenons l’élan intérieur, mais ne le tuons pas, en un mot, soyons avec le bon La Fontaine contre « l’indiscret stoïcien ».
La patience dans l’éducation
Le premier caractère du dévouement est la patience. Dieu est patient, il appelle plusieurs fois sans se rebuter des refus. Ainsi fait l’éducateur ; il se garde donc de rejeter comme mauvais ce qui n’est pas absolument bon ; il ne perd pas de vue qu’il s’agit pour lui de semer, et non de recueillir.